En réalité la stratégie de Donald Trump consiste à affaiblir les instances internationales afin de d’éliminer toute forme d’intermédiation, par exemple des Nations Unies ou de l’Union européenne.
En partenariat avec Lettres Persanes.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a prononcé lundi 22 mai un discours, au cours duquel il a présenté 12 conditions à l’Iran. Il est possible de résumer les demandes américaines en quatre axes principaux :
Si l’Iran accepte ces conditions imposées par les États-Unis, Pompeo annonce que des mesures de soutien à l’économie iranienne seront mises en place. En revanche, si l’Iran refuse, les Etats-Unis exerceront une “pression financière sans précédent » sur le régime iranien, en mettant en place « les sanctions les plus fortes de l’Histoire« , a précisé le chef de la diplomatie américaine.
Compte-tenu du contexte internationale, que retenir de ces déclarations de Mike Pompeo ?
Les États-Unis cherchent à traiter le dossier iranien avec de manière individualiste, sans utiliser les solutions prévues dans le cadre des institutions internationales. Il s’agit d’une méthode dure, excluant toute intervention de tiers et visant à protéger les seuls intérêts américains, sans autre considération pour les intérêts de la communauté internationale.
En réalité la stratégie de Donald Trump consiste à affaiblir les instances internationales afin de d’éliminer toute forme d’intermédiation, par exemple des Nations Unies ou de l’Union européenne.
Ce qui est en outre à retenir de discours de Mike Pompeo, c’est que même si les États-Unis savent où sont leurs intérêts à l’échelle globale, ils ne suivent pas de réelle stratégie, en particulier face à l’Iran. Alors même qu’ils plaident pour un changement de régime iranien, le secrétaire d’État américain affirme en effet que si l’Iran respecte ces douze conditions, les États-Unis aideront le pays pour faire avancer son économie. En de telles circonstances, à quel message l’Iran doit-il croire ? Ni sur l’un ni sur l’autre en l’occurrence. Car les dirigeants iraniens ne sont pas les seuls à comprendre que la diplomatie américaine s’échappe dans toutes les directions. Si l’état iranien adopte quant à lui une stratégie réaliste et cohérente, il parviendra à résister aux pressions des États-Unis.
Le troisième message caché derrière l’ultimatum de Mike Pompeo est encore plus coquant. Les États-Unis proposent à l’Iran de devenir un régime dictatorial comme l’Arabie Saoudite, mais allié avec les États-Unis, au lieu d’être un régime autoritaire positionné contre les intérêts américains. Cet élément déclenche un fort sentiment de déception chez les Iraniens, même chez ceux pour qui l’influence des États-Unis représentait l’espoir de faire advenir plus de démocratie en Iran.
هیچکدوم از 12 خواسته #پمپئو (#آمریکا) از ایران مربوط به #حقوق_بشر #دمکراسی #سکولاریسم نبود. فقط خواسته های بعضا مبهم سیاست خارجی خودش. و بعد لغو #تحریم ها. یعنی اگر ایران مثلا مثل #عربستان بشه، آمریکا حاضره همه جوره کمکش کنه. تازه اینجوری میخوان به مردم انگیزه انقلاب بدن #برجام
— Siavash Ardalan (@BBCArdalan) May 21, 2018
Siavash Ardalan, un journaliste iranien basé à Londres, explique en effet via son compte Twitter qu’ « aucun de ces 12 propositions américaines ne sont pas en lien avec ni la démocratie ni le droit de l’homme. Seulement quelques demandes ambigües en lien avec les intérêts géopolitiques des États-Unis, en échange des levées des sanctions. Donc aux yeux des Américains, si l’Iran devienne comme l’Arabie Saoudite il mérite d’être protégé. Alors c’est comme ça qu’ils motivent les Iraniens dans leur combat démocratique. »
Enfin le message cynique derrière le discours de Mike Pompeo, c’est que le monde entier doit rester aligné derrières les intérêts américains, que ces derniers respectent ou non leurs engagements internationaux. En ce qui concerne le dossier iranien, et si on veut traduire ce message de manière plus claire, on peut conclure cela :
L’Iran a respecté ses engagements dans le cadre de l’accord international sur son programme nucléaire. En échange, il a tiré de nombreux bénéfices de ce compromis international et a consolidé sa place à l’échelle régionale. Nous, Américains, allons donc le punir parce que nous sommes insatisfaits du fait que l’Iran, un pays non allié avec nous, s’en sorte à si bon compte. Mais aussi pour qu’aucun autre pays ne pense pouvoir tirer le moindre profit d’un accord avec nous. C’est ainsi que les Etats-Unis de Donald Trump envisage diriger le monde.