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Pourquoi l’Iran restera dans l’accord – revue de presse internationale
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Instex, vers une évolution du système monétaire international ?

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Par Farid Vahid

L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien a suscité de grands espoirs au sein de la communauté internationale. Après plus d’une décennie de négociations, il s’agit d’une véritable victoire pour la diplomatie internationale en ce qui concerne la résolution des tensions au Moyen-Orient.

L’Iran a respecté ses engagements. C’est ainsi qu’en début 2017, l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) autorise la levée des sanctions. Malgré ces évolution, les États-Unis de Donald Trump annoncent leur retrait de l’accord le 8 mai 2018. De ce retrait résultent deux vagues de sanctions qui touchent les secteurs pétrolier, gazier, aéronautique et minier, la Banque Centrale iranienne, bloquent les importations de matières premières, et interdit l’utilisation du dollar américain pour commercer avec l’Iran.

Les sanctions américaines entraînent le retrait de grandes multinationales comme Total et Airbus (contrat de vente s’élevant à 25 milliards de dollars). De fait, le 17 mai 2018, Total « annonce mettre fin à toutes ses opérations liées au projet de développement du plus grand gisement de gaz naturel au monde d’ici le 4 novembre » ouvrant ainsi la voie aux chinois[1]. PSA se retire également de l’Iran le 4 juin alors qu’il s’agit pourtant de son premier marché international[2].

L’annonce de la création d’Instex (Instrument in Support of Trade Exchanges) le 31 janvier par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni nous fournit le prétexte pour interroger les raisons pour lesquelles, malgré une volonté politique, les européens n’ont pas été en mesure de continuer leur commerce avec l’Iran.

L’avènement de la suprématie du dollar américain

Conférence de Bretton Woods, 1944

Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ressortent victorieux et confortés dans leurs positions de première puissance économique mondiale alors que les économies européennes sont durement affaiblies. La signature des accords de Bretton Woods le 22 juillet 1944 consacre l’avènement d’un nouveau système monétaire international organisé autour du dollar. La devise américaine devient alors la seule monnaie convertible en or et toutes les autres devises sont définies en dollar. Il s’agit du régime étalon de change-or (Gold Exchange Standard).

Aucun contrôle n’ayant été instauré par les accords de BW sur la quantité de dollars américains émis, les États-Unis ont la possibilité de ne pas respecter leurs engagements envers les comptes extérieurs et maintenir la valeur « réelle » de leur monnaie.                                 

Dans les années 60, la République fédérale d’Allemagne, comprenant le danger de cette situation, demande à la Banque centrale américaine la conversion de ses dollars en or. En réaction, le 15 août 1971, le président Nixon suspend la convertibilité du dollar en or pour éviter la fuite de l’or. En 1976, les accords de Jamaïque mettent en place le régime de changes flottants.

Pour autant, le dollar ne s’en trouve pas affaibli, bien au contraire. En effet, les Américains, sûrs de leur position de force, n’ont jamais pratiqué leurs échanges dans une autre monnaie que la leur et ont réussi à l’imposer dans le monde entier tant à l’exportation qu’à l’importation. Ainsi, selon les chiffres du FMI, le billet vert représente 64% des avoirs des banques centrales contre seulement  20% pour l’euro, 4,5% pour le yen japonais et 4,5% pour la livre sterling[3]. Cette puissance monétaire est disproportionnelle à la taille de l’économie américaine qui correspond à 20% du PIB mondial.

Le dollar comme instrument de la politique étrangère américaine

Cette suprématie du dollar n’est pas seulement économique puisque les responsables américains l’ont traduite en moyen de pression politique sur les autres pays. Aujourd’hui, nous assistons à un désaccord fondamental entre les États-Unis et les pays européens sur un sujet de politique internationale. En effet, ces derniers souhaitent rester dans l’accord sur le nucléaire iranien et réaliser des échanges commerciaux avec l’Iran. Alors s’il existe cette volonté politique, pourquoi n’a-t-elle pas eu de réalisation concrète ? Une des principales raisons est le recours au dollar pour effectuer les transactions avec l’Iran, tombant ainsi sous le coup de l’extraterritorialité des sanctions américaines.

Le cas iranien constitue en l’état un véritable cas d’école pour l’Union européenne. En effet, il met en lumière l’absence d’une maîtrise totale de son propre commerce, alors qu’elle constitue pourtant une entité politique et économique forte. Il soulève ainsi une question fondamentale pour l’avenir de l’Union européenne : comment trouver son indépendance ?

Instex, une remise en question du système monétaire international ?

Le 31 janvier 2019, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont annoncé la création d’un mécanisme monétaire qui permettrait de réaliser des échanges commerciaux avec l’Iran. Il s’agit d’un premier pas majeur dans la prise de conscience et la résolution de ce problème d’indépendance.

La décision de création de l’Instex remonte à septembre 2018. Les responsables iraniens espéraient la mise en place effective du véhicule spécial avant la fin de l’année. Mais aucun pays européen ne souhaite alors accueillir le siège sur son sol, craignant les représailles américaines. Finalement, la France décide d’en être le pays-hôte. Il s’agit d’un véritable mécanisme tripartite puisque que sa direction sera assurée par Per Fischer, un ancien haut responsable allemand de la Commerzbank, et le Royaume-Uni dirigera le conseil de surveillance. Pour l’instant les détails du fonctionnement d’Instex ne sont pas connus mais on sait qu’il permettra de commercer avec l’Iran sans recourir au dollar et assurera l’anonymat à ses partenaires européens, qui ne pourront ainsi être menacés par les sanctions américaines secondaires. « Le fonctionnement d’Instex est le même qu’initialement envisagé : pour éviter les transactions et les flux financiers, les entreprises feront du troc. Un exportateur iranien qui vend en Europe est payé par un importateur iranien qui importe depuis l’Europe. Et inversement de l’autre côté. Deux opérations sont donc nécessaires là où il n’en fallait qu’une. »[4]  

Si ce mécanisme ne s’adresse pour l’instant qu’aux PME (dans un premier temps, Instex devrait surtout servir pour des volumes modestes et des cas très spécifiques, prévoit ainsi le Medef[5]), il s’agit d’une avancée indéniable. Il pourrait par la suite se généraliser et s’appliquer à d’autres pays que l’Iran.

Ainsi nous assistons peut-être à une étape historique dans l’évolution du système monétaire international avec une montée en puissance de l’euro. Ou peut-être s’agit-il seulement d’un stratagème pour garder les Iraniens dans le JCPoA.  


[1] France Inter

[2] https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/nucleaire-iranien/nucleaire-iranien-le-groupe-automobile-psa-se-prepare-a-quitter-l-iran-pour-respecter-l-embargo-americain_2785919.html

[3] https://www.lopinion.fr/edition/economie/pourquoi-dollar-reste-monnaie-reserve-mondiale-141480

[4] https://www.liberation.fr/planete/2019/02/01/instex-le-mini-mecanisme-europeen-contre-les-sanctions-americaines-visant-l-iran_1706729

[5] https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/01/31/l-europe-va-presenter-sa-solution-pour-commercer-avec-l-iran_5417169_3234.html

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