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Les Talibans, groupe rebelle ou interlocuteurs légitimes ? Comment les négociations américaines brouillent les cartes de la diplomatie en Afghanistan.

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Résumé : L’annonce de la reprise des négociations avec les talibans sur le processus de paix en Afghanistan par le Président américain plus tôt cette semaine relance la question du rôle de Kaboul dans les négociations entre Américains et Talibans. Est-il envisageable d’obtenir un accord de paix sans le gouvernement afghan et sans le soutien de la société civile?

Par Bahram Rawshangar

L’annonce de la visite du Président américain Donald Trump pour Thanksgiving auprès des troupes américaines en Afghanistan a suscité de vives réactions, dont celle de l’ayatollah Khamenei, qui reproche au président américain dans un tweet du 29 novembre de ne pas «respecter la liberté et l’indépendance des peuples de la région». Cette perception fait écho par l’annonce du Président Trump de la reprise des négociations avec les talibans traduisant la main mise de la diplomatie américaine sur la définition des termes d’un accord de paix en Afghanistan. Ce redoublement d’efforts intervient dans le contexte de l’échange de prisonniers supervisé par les Américains ayant eu lieu le 12 novembre dernier1Renvoie à la libération, le 12 novembre, par le gouvernement afghan de trois membres du bureau politique des Talibans à laquelle à fait suite la libération de deux professeurs de l’université américaine de Kaboul, Kevin King américain et son collègue australien Timothy Weekes, retenus depuis août 2016 par les talibans.. 

* * *

Zalmaiy Khalilzad, ancien ambassadeur américain aux Nations unies,  a commencé les négociations avec les talibans en octobre 2018 au Qatar afin de trouver une solution à la guerre la plus longue que l’histoire américaine ait connue. Depuis octobre 2018, Khalilzad a rencontré neuf fois les responsables Talibans à Doha, où se trouve le bureau politique des talibans. Lors de leur dernière rencontre en septembre 2019, ils se sont entendus sur un accord portant sur le retrait des troupes américaines d’Afghanistan et la reprise des négociations avec le gouvernement afghan.

Le président Ashraf  Ghani et les représentants Talibans ont été invités aux États-Unis pour signer un accord entre les États-Unis et les talibans dans la foulée. Seulement trois jours avant, Donald Trump a brusquement annulé cette rencontre, suite à un attentat à Kaboul ayant causé la mort de 11 personnes dont un soldat américain. Donald Trump a déclaré que le cessez-le-feu et la diminution des attentats étaient les pré-conditions requises à la reprise des négociations avec les talibans.

Mais la direction que suit Mr Khalilzad fait l’objet de controverses. Dans l’accord qui aurait dû être signé en présence de Donald Trump, Ashraf Ghani et les responsables des Talibans en septembre 2019 à Camp David aux Etats-Unis, les autorités américaines ont soutenu la proposition de formation d’un gouvernement de transition qui aurait eu pour objectif de faire une place aux préceptes religieux des Talibans dans le texte de la constitution afghane en contournant la procédure de révision constitutionnelle nécessitant, entre autre, de convoquer la Loya Jirga. Cette proposition a été systématiquement refusée par le gouvernement et la société civile dans la mesure où la mise en place d’un système qui limite la démocratie.  

Cet état de fait a affaibli la position du gouvernement en place et a pu encourager les talibans à persister dans leur refus de négocier directement avec les autorités afghanes. Grâce aux diplomates américains, les talibans sont passés d’un groupe terroriste illégitime à une opposition légitime, dans les débats politiques afghans.

En février 2019, dans une interview sur Tolo News, la première chaine d’information en Afghanistan,  Khalilzad a déclaré que Mollah Broder, un des dirigeants et négociateur des Talibans, était un patriote fidèle à son pays. Cette approche envers les talibans a provoqué de vives critiques dans la société afghane qui considère, quant à elle, que les talibans demeure un groupe terroriste qui tuent des civils et brulent des bâtiments. Dans une enquête menée par l’Institut afghan d’études stratégiques en novembre 2018, 75% des Afghans pensent que les talibans sont un groupe terroriste illégitime dirigé par le Pakistan. 

Au sein du débat politique afghan, les critiques à l’encontre de la diplomatie américaine actuelle se structurent autour de trois grands axes.

La diplomatie américaine en Afghanistan est avant tout perçue comme une diplomatie unilatérale. Cette démarche a isolé le gouvernement afghan, représentant officiel du pouvoir dans le pays. De ce point de vue, les négociateurs américains se rapprochent des idées pakistanaises et de celles des Talibans se positionnant contre la légitimité de l’autorité à Kaboul pourtant élue dans un processus démocratique. À l’inverse, le gouvernement afghan considère les talibans comme un groupe armé qui doit s’intégrer dans le système démocratique construit après 2001.

Par ailleurs, Khalilzad a aussi négocié le retrait de troupes américaines avec les talibans en dépit de l’accord stratégique signé en 2014 entre le gouvernement afghan et celui des États-Unis. Cet accord inscrivait les relations américano-afghanes dans une logique institutionnelle où Kaboul devait être en mesure de décider de la direction à donner aux relations bilatérales avec Washington sur le court comme le long terme. 

L’obtention d’un résultat rapide a également influencé le processus des négociations, poussant la diplomatie américaine à préférer une solution immédiate, plutôt que pérenne. L’agenda américain étant conditionné par l’élection présidentielle de 2020, Donald Trump veut convaincre les Américains qu’il est le gagnant de la guerre en Afghanistan, un succès qu’aucun autre candidat face à lui, républicain ou démocrate, ne pourra se targuer d’avoir atteint. L’administration de Trump se doit donc d’obtenir ce résultat avant cette échéance au risque de voir les institutions afghanes se fragiliser sur le long terme.  

Enfin, l’absence de tout acteur interne dans l’effort de paix envoie un message négatif. Khalilzad défend l’idée selon laquelle la résolution de la guerre en Afghanistan est un projet américain dont la réussite dépend en premier lieu de l’implication pleine et entière des États unis. Le gouvernement et les institutions non gouvernementales sont ainsi largement tenus à l’écart des négociations avec les talibans, négligeant le rôle crucial des partis politiques et de la société civile, dans la définition des orientations du pays. Ils sont ainsi privés du contenu des négociations entre Khalilzad et Talibans depuis octobre 2018. La diplomatie de l’administration Trump sous-estime le rôle de tous ceux qui fondent le combat pour la démocratie, les droits de l’homme, et peut être le plus important, pour les victimes de guerre, dans les négociations qui déterminent leur avenir. C’est également la voix des femmes et des jeunes, ainsi que leur vision de la société dans laquelle ils souhaitent évoluer, qui est niée.

La doctrine américaine en Afghanistan semble donc unilatérale, exclusive et loin de la réalité de la société afghane. Elle se prive de l’appui d’acteurs essentiels – le gouvernement, la société civile et les dirigeants ethniques- dans le conflit actuel. La divergence d’opinions entre le gouvernement afghan et les Américains sur l’objectif à atteindre rend difficile la réalisation d’un accord qui prenne en compte à la fois les intérêts des États-Unis et de l’Afghanistan. 

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